GORLEBEN 365, compte rendu du „blocage francophone“
Article mis en ligne le 30 avril 2012
dernière modification le 1er mai 2012
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Samedi 7 avril 2012, dans le cadre de la campagne « gorleben365 », un groupe d’une trentaine de Français membres de la Maison de Bure et du Réseau « Sortir du nucléaire » a bloqué à deux reprises les six portes du « site d’exploration » de Gorleben, où sont creusées des galeries destinées à l’enfouissement de déchets allemands hautement radioactifs. Cette action avait pour but de perturber le fonctionnement du site, en retardant le changement d’équipe (sans pour autant porter atteinte aux travailleurs, qui ne sont pas nos ennemis).

Dès 7 h, les militants assis devant chaque porte ont bloqué physiquement les accès au site, obligeant la police à procéder à l’évacuation d’une porte. Le soir, des habitants du Wendland ont offert aux activistes français une banderole symbolisant la solidarité anti-nucléaire franco-allemande. Ensemble, ils ont ensuite bloqué de nouveau les portes dans une ambiance chaleureuse et musicale. En complément aux sit-ins, une des six portes a été bloquée par un tripode pendant que plusieurs jeux se déroulaient devant deux autres portes. « La police a de nouveau été obligée de procéder à l’évacuation physique des militants – ce qu’elle a fait avec une absence de brutalité à laquelle nous ne sommes guère habitués en France ! », souligne François, du Réseau « Sortir du nucléaire ».


Les militants français ont passé plusieurs jours dans le Wendland pour préparer cette action et renforcer la coopération internationale dans la lutte contre le risque nucléaire. « Nous sommes ici en solidarité avec nos amis du Wendland », déclare Justine Merzisen, de la Maison de Bure, « et nous voulons montrer que notre résistance ne connaît pas de frontières ». « À Bure, en Lorraine, nous sommes confrontés aux mêmes risques qu’à Gorleben. En plein milieu d’une région rurale, l’ANDRA a implanté un « laboratoire de recherche » sur l’enfouissement des déchets radioactifs, qui est destiné à devenir un site de stockage final. Nous refusons que notre région devienne la poubelle radioactive de la France ! ».

« En venant agir en Allemagne contre le nucléaire, nous voulons aussi briser le préjugé selon lequel les Français seraient majoritairement favorables au nucléaire. La grande majorité d’entre eux souhaite en finir avec cette énergie ! Nous venons également apprendre des techniques d’action non-violente de désobéissance civile que nous pourrons transposer en France, où la résistance reste très difficile », déclare Charlotte, du Réseau « Sortir du nucléaire ». La campagne « gorleben365 » offre ainsi des possibilités optimales pour partager les connaissances accumulées au fil de nombreuses actions.

Nous sommes très motivés pour revenir ici, dans le Wendland, pour agir aux côtés de nos amis allemands contre le nucléaire », déclare Laura, du Réseau « Sortir du nucléaire ». « En 2014, des déchets allemands quitteront Sellafield (Grande-Bretagne) pour Gorleben, en transitant vers la France. En solidarité avec les Allemands, nous aussi, nous continuerons à nous mettre en travers !


La campagne « gorleben365 » contre le site d’enfouissement, dans le cadre de laquelle les activistes français se sont rendus dans le Wendland, s’est donné comme but de perturber le fonctionnement du futur site d’enfouissement grâce à des actions non-violentes le plus de jours possibles dans l’année. Les très nombreux blocages qui ont eu lieux jusqu’ici ont impliqué plus de 1500 personnes.

Laura Hameaux
Coordinatrice nationale des groupes et actions Réseau "Sortir du nucléaire"
81 bis rue Gantois, F 59000 Lille
Mail : laura.hameaux@sortirdunucleaire.fr
http://www.sortirdunucleaire.org

Et le récit d’un ami de Bure :

Une solidarités qui dépasse les frontières

A l’invitation des antinucléaires Allemands et sous l’égide de « Gorleben 365 », nous sommes une vingtaine de françaises et français à franchir la frontière. Gorleben est un petit village au nord de l’Allemagne ( région de Basse Saxe) retenu par l’autorité du pays pour enfouir dans une mine de sel les déchets radioactifs les plus dangereux que l’homme ait créé. Pour matérialiser la lutte de la population contre la production et le stockage en grande profondeur de ces produits, un ensemble d’actions surnommées « GORLEBEN 365 » à débutées au mois août dernier. Le but de cette initiative est de réaliser une action par jour pendant un an. Et ceci quelle que soit l’action. C’est dans ce cadre là que nous avons été invités à venir bloquer le week-end de Pâques le cite d’enfouissement de Gorleben.

Après plus des 800 kilomètres nous voici arrivés sur un terrain très dégarni, hormis une forêt d’épicéas qui entoure le site. Dans tous les villages de la région, de grands X peint en jaune symbolisant la lutte ornent de nombreuses maisons à colombages. Des drapeaux flottent aux balcons ou dans le jardin de ses dernières. Malgré un froid de canard, l’accueil est chaleureux. Le repas avalé, nous voici plongés dans le bain. Tous assis autour d’un ensemble de tables positionné en U, un orateur explique le but de l’action, ses conséquences, la réaction susceptible des autorités. Dès 7 h 30, le lendemain matin, nous sommes réunis,à une centaine de mètres des grilles du site d’enfouissement, sur un terrain donné par un opposant à la résistance. Une cahute de bois a été construite et sert d’abri. A ce niveau là il faut savoir que la législation est différente en matière de propriété. En France nous sommes propriétaire du sol mais pas du sous-sol. En Allemagne, chaque propriétaire possède le sol et le sous-sol, de ce fait, la société exploitante du site de Gorleben ne pourra jamais creuser sous cet abri.-(- sauf si l’ état procède à l’expropriation, ce qu’il n’a pas osé depuis 35 ans. Wolfgang).

Après avoir pris quelques sacs à pommes de terre remplis de pailles pour les utiliser comme siège, nous voici répartis devant les six portes pour bloquer l’entrée et la sortie de travailleurs qui permutent entre 8 heure et 9 heure. Une demi heure passe, un groupe de musicos venu spécialement de France vient mettre un peu d’ambiance pendant que la neige nous glace le bout du nez, quand une voiture de police arrive, puis une deuxième, une troisième, puis une estafette, une deuxième, une troisième. Certaine font le tour du site. Derrière un rideau d’arbres, un cortège de voitures attende pour entrer alors que d’autre attendent pour sortir. Une voiture de police vient à notre porte. Un des occupants nous tient un discours en Allemand (je n’y comprends dalle) pendant qu’un autre nous filme. Un attroupement se forme à la porte 6. Trois sommations sont faites puis la porte est libérée. Les deux cortèges de voitures se croisent. L’action est terminée ; elle a durée 2 heures. Un café chaud nous attends sous la cahute.


Le soir, après l’anniversaire d’une militante âgé et un discours enflammé devant la porte 1, la même stratégie que le matin est mise en place à l’exception de la porte 6 ou pour réduire le nombre de bloqueurs, un tripode, sorte de gigantesque trépied de plus 6 mètres de haut, est installé devant des policiers médusés. Un grimpeur s’y suspend et déplie un drapeau. Pour ma part, emmitouflé dans mon sac de couchage qui me sert de cache-col, je me rends à la porte 3. Je me place face à l’estafette qui bloque l’entré, histoire de taquiner ces messieurs et de pouvoir me réchauffer les doigts sur le capot de leur moteur pendant que mes partenaires respirent les gaz d’échappement. Puis, après plusieurs dizaines de minutes, je change de porte pour tenter de voir quelque chose derrière les hauts murs de béton surmontés de fil de fer barbelés. Il faut dire que ce lieu est protégé, d’une part, par un premier enclos formé par une grille de près de deux kilomètres, d’un chemin goudronné puis d’un mûre d’enceinte. Je suis à la porte 5, la sortie des ouvriers semble éminente car l’agitation au sein du lieu commence à se faire sentir. Cela ne se fera pas chez nous, les estafettes ont disparues. Je retourne au point de départ pour espérer voir l’ouverture de la porte 1. Hélas, je n’ai pas été assez vite.........L’action est terminée .

Le lendemain est une fin de week-end plus calme avant le retour vers un langage plus familier. Après la grâce matinée du dimanche seule une conférence débat sur les énergies renouvelables suivi de la visite d’une éolienne ponctuent l’activité militante. Le soir, un repas festif est organisé dans la salle communautaire du village. Il est animé par notre cher groupe lorrain de musique les « Stop Bure Brothers ». Puis une apparition au abord du traditionnel feu de pâques Allemand pour conclure la journée.


Alors que Gorleben et Bure sont deux sites similaires ayant pour but d’enfouir les déchets radioactifs les plus dangereux que l’homme ait créé, l’un dans le sel, l’autre dans l’argile, on peut constater deux mentalités différentes. La résistance germanique semble être à fleur de peau, il suffit d’un claquement de doigts pour mobiliser les foules. Celle de la France parait plus diffuse. Quant aux policiers ils nous ont laissés faire ce qu’on voulait sans nous repousser à coup de grenades lacrymogènes. Pendant que j’étais en faction devant la porte 5, j’en ai vu qui répondaient à un chien joueur. Verrons nous cela un jour devant les grilles de l’ANDRA ?

Menvusa Gérard

Et des fotos :

http://www.gorleben365.de/fotogalerie/category/67-07042012maison-de-bure.html

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